[Note: this transcription was produced by an automatic OCR engine]

AVANT-PROPOS

Cette étude ethnobotanique est un inventaire systématique des plantes de la forêt
rencontrées sur le territoire des Ankave de la vallée de la Suowi [Mbweï] (Gulf Province,
Papouasie Nouvelle-Guinée). Elle constitue un complément du rapport collectif qui
conclut le projet de recherche “Arbres fruitiers et déséquilibres alimentaires dans le
Pacifique sud” financé par le Ministère des Affaires Etrangères!.

Résultant d’une collaboration entre le CNRS (GDR 116 “Identité et transformations
des sociétés océaniennes”), le Centre de Port-Vila (Vanuatu) de l’'ORSTOM? et le
Département de l’Agriculture de Vanuatu sous la responsabilité scientifique d’A. Walter
(ORSTOM), ce projet comparatif porte sur les usages alimentaires traditionnels des arbres
de la forêt tropicale. Partant d’un inventaire des arbres utilisés présents dans les quatre
régions retenues pour l’enquête (Papouasie Nouvelle-Guinée, Samoa, Tonga, Vanuatu),
cette recherche a pur but de documenter leurs modes d’exploitation et de consommation
alimentaire, afin d’envisager leur transfert et leur exploitation vers des zones du Pacifique
sud où ils sont absents ou sous-exploités. Un intérêt particulier a été porté aux modes
d'intégration de ces arbres dans les systèmes agraires locaux, aux types de consommation
des fruits et, plus largement, aux savoirs et savoir-faire mis en œuvre.

Dans ce contexte, la Mélanésie (Papouasie Nouvelle-Guinée et Vanuatu) se présente
comme un “réservoir” de plantes et de savoirs alors que les archipels de Tonga et de
Samoa sont des régions où ces ressources forestières ont été abandonnées lors de
l’ouverture à l’économie de marché au profit d’aliments nouveaux (riz et aliments en
conserve).

Les Ankave-Anga, qui sont des agriculteurs forestiers éleveurs de porcs, illustrent la
situation la plus “traditionnelle” car de très nombreuses plantes poussant spontanément
dans la forêt figurent encore dans leur diète quotidienne et la consommation d’aliments
importés est rarissime. La richesse floristique de la forêt tropicale humide qui représente
99% de leur environnement (voir photo) et la connaissance encore intacte qu’ils en ont
fournissent l’occasion de dresser un inventaire ethnobotanique complet et détaillé de la
région. La comparaison avec un autre groupe anga touché par la “modernité” depuis le
début des années 1960 (les Baruya de la vallée de Wonenara) permet de préciser les
formes de la substitution progressive d’aliments achetés dans des boutiques de brousse
aux produits locaux et d’apprécier ses conséquences sur la diète, les modes d’exploitation
de l’environnement et les savoirs naturalistes.

Les résultats de cette étude comparative ont été publiés en français en 1994 et en
anglais en 2002 (voir note 1). Quant au présent travail, 1l résume les principales formes
de gestion et d’exploitation de la forêt développées par les Ankave et rassemble, sous la
forme d’un inventaire, les informations d’ordre ethnobotanique que j’ai recueillies depuis

ll Walter, A., Bataille-Benguigui, M.-C., Bonnemère, P. et Tcherkézoff, S. Fruits d’Océanie, paris IRD
Editions, 1994. Une traduction en anglais est parue en 2002 sous le titre Fruits of Oceania. Canberra :

ACIAR Monograph 85 (téléchargeable ici: https//www.aciar.gov.au/publication/books-and-
manuals/fruits-oceania).

2 L'ORSTOM fur rebaptisé IRD (Institut de Recherche pour le Développement) en novembre 1998.