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234 L'an’: ACTUEL nu PIIODLÈIIE ‘rorsmoua
C'est risquer de confondre dans une même catégorie deux
séries de croyances et de pratiques, lu série collective et par-

manente et la série individuelle et épisodique. Certaines inter-
dictions, on l'a vu, valent en Algérie pour un groupe entier

dnpparentés, ou pour les habitants d'une même maison ou’

d'un même lieu. On ne peut les assimiler à la répugnance ou
à. la crainte que tel ou tel individu humain peut éprouver‘
pour tel ou tel animal individuel à la suite d'un événement
fortuit; cette répugnance ou cette crainte ne sont d'ailleurs
héréditaires que par exception. Il conviendrait donc d'analyser
mieux qu'on ne l'a fait jusqu'ici tous les exemples de cet ordre,
avant que de leur appliquer, sans plus, la théorie animiste,
qui est celle-là même des indigènes nord-africains islamisés.
Si, par exemple, les indigènes de PAustraIie Centrale, qui
possèdent un totémismo caractérisé, se convertissaient à l'is-
lam, tous leurs totems recevraient aussitôt Pépithcte de cljinn,
les chefs des cérémonies totémiqucs tcndraient a devenir des
marabouts, et l'initiation totémique donnerait lieu à. une fête
de circoncision musulmane. Rien nïampécherait d'admettre
qu'un processus complexe comme celui qu'on suppose s'est
produit dans l'Afrique du Nord, sous condition qu'en puisse
découvrir quelques cas précis de transformation de ce type.

Notre attitude est essentiellement dilférente de celle qui est
à la base de la théorie de Forigine totômique des djinn élabo-
rée par Robertson Smith en partant de faits spécifiquement
arabes : les djinn sont classés par clans et tous les membres
dc ces clans sont solidaires les uns des autres et par rapport
à l'unité sociale; en outre, les djinn se manifestent de préfé-
rence sous forme animale ; donc les clans de djinn sont, selon
Robertson Smith, d'anciens clans tetémiques ‘.

Mais Westcrmarck ' a fait remarquer avec raison que l'or-
ganisation des djinn en clans est un résultat normal de la
tendance générale à Panthropomorphisation, qui s'exprime

A. Rob. Smith, Kinrlnip and Marrisgs in early Arebin, p. m et suiv.
x. Westarmarck, Nature o] me ‘euh djinn, p. nos-ses.