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L'ÉTAT ACTUEL nu PROBLÈME TOTÉMIOU

rapport entre l'acte sexuel et la fécondation, est, selon lui,
inadmissible, puisque tous les animaux, et même les animaux
inférieurs, par les précautions qu'ils prennent pour mettre leur
portée future a l'abri des dangers, anticipent les résultats de
l'acte sexuel et soit par instinct ou autrement, il n'importe
seraient donc plus avancés en cc domaine que les Australiens
do Frazcr. Or ces Australiens ne sont pas des brutes quelcon-
ques, mais ils ont su élaborer un type de civilisation religieuse
et sociale complexe et nettement organisée.

Un fait est certain : c’est qu'aucune femme n’n pu concevoir
sans colt, mais d'autre part, que chaque colt n'est pas îecon—
dant. L'homme a dû des les débuts faire cette constatation; ‘
autant en observant les autres animaux qu'en observant sa pro-
prc espèce. Si donc les groupes humains ou les individus croient
à une lucina sine concubitu, ce n'est là qu'une croyance spécifi-
quement magma-religieuse, ou une superstition, qui repose, non
sur une fausse interprétation des faits réels, mais sur un apriari.

« Au lieu de supposer avec Frazer que Pignorance actuelle-
ment aftirmée par ces sauvages est la preuve d'une ignorance
reello de la vérité, je regarde comme bien plus probable que‘
leurs coutumes, leurs croyances, leur système éthique si l'on
veut, les obligent à nier cette connaissance ; qu’ainsi a été
ereee une croyance supérieure, qu'il serait impie de discuter;
car ce serait jeter la suspicion sur les Esprits, qui sont plus
puissants que les humains. C'est la croyance en la toute-
puissance des esprits des morts ou des ancêtres, vivant dans
un certain marécage, dans un rocher, une grotte, une pierre,
un animal ou une plante, qui a conditionné la croyance sur
laquelle Frazcr construit son interprétation du totemisme pri-
mitif. L'apparition de cette croyance en divers lieux du globe
ne prouve pas son universalité ancienne, mais seulement une
même croyance à. la puissance, en toutes directions, donc aussi .
féoondante, des esprits, car la croyance aux esprits est univer-
selle '. » ' '

I. Lac. ML, p. 151-181.